Lors d’une table ronde organisée le 13 juin au Crillon à Paris par l’éditeur Transporeon, Olivier Harduin, Senior Manager de Diagma, est intervenu sur les enjeux du suivi en temps réel des flux de transport, sur les bénéfices à en attendre pour les chargeurs et sur les écueils à éviter lors de la mise en place de ce type de solutions logicielles. Avec les témoignages de Cyril Faure, Network Capacity Analyst de Michelin, Jean-Christophe Huon, Directeur Logistique Europe de Limagrain, Frédéric Lanchais, Directeur du commissionnaire Ascot et une animation de Pierre Méraud, Directeur des ventes de Transporeon.
Un besoin accru de suivi des transports en temps réel depuis le COVID
Pour Olivier Harduin, Senior Manager Diagma, les forts aléas de la période Covid qui ont pesé sur les flux de transport internationaux ont accentué le besoin de les suivre de plus près. Les principaux objectifs visés étant d’optimiser les créneaux de chargements/ déchargements en entrepôts et de pouvoir renseigner les clients sur la mise à disposition effective des produits attendus. Ce besoin a pu d’autant mieux être assouvi que des solutions logicielles efficaces existent sur le marché. C’est le cas par exemple de Real Time Visibility de Transporeon, pour le suivi temps réel des flux de transport. Ou encore de Time Slot Management du même éditeur, pour la gestion des rendez-vous avec les plates-formes logistiques.
Michelin suit en temps réel 60% de ses flux transport
D’ailleurs, Michelin, un des plus anciens clients de Transporeon, a sauté le pas et mis en œuvre la solution Real Time Visibility. Désireux d’optimiser la planification des flux de transport de ses 200 partenaires FTL (Full truck Load), il a testé cette solution de tracking dès 2019. Tous ses flux transitant par la plate-forme de Transporeon, il est parvenu à suivre en temps réel 30% de ses flux en 2022 et 60%, deux ans plus tard. Cyril Faure, Network Capacity Analyst de Michelin, souligne l’importance de mettre les moyens pour convaincre les transporteurs de la valeur ajoutée de ce type de solutions (efficience de la gestion des informations), y compris pour eux. D’où l’importance de désigner un Chef de projet côté Michelin et côté Transporeon, pour faciliter la gestion des aspects techniques et opérationnels avec les transporteurs.
Un plafond de verre à 60% des flux transport suivis en temps réel ?
Des difficultés subsistent toutefois pour parvenir à suivre 100% des flux transport en temps réel. Déjà, tous les transporteurs ne sont pas convaincus de la pertinence de donner cette transparence à leur donneur d’ordre. Certains petits transporteurs, particulièrement lorsqu’ils sont impliqués en sous-traitance ou sur de courtes distances, peuvent estimer que l’investissement est trop élevé. D’autant plus s’ils considèrent n’en tirer aucun bénéfice. D’autres « gros » transporteurs à l’inverse, comme le relève Frédéric Lanchais, Directeur d’Ascot, peuvent préférer passer par leur propre plate-forme TMS (Transportation Management System) pour remonter les informations de leurs flottes et les communiquer à leurs clients. D’où une difficulté souvent constatée aujourd’hui de dépasser un taux de suivi de 60% des flux.
La complexité du multimodal
De plus, comme l’indique Olivier Harduin, Senior Manager de Diagma, les informations sont plus difficile à remonter dans le multimodal. Il faut en effet gérer une multiplicité d’unités manipulées, de types de véhicules/ contenants, les ruptures de charges … Il attire d’ailleurs l’attention des participants sur le fait que les plates-formes logicielles du marché ne couvrent pas encore l’intégralité des modes (routier, maritime, aérien, ferroviaire et fluvial) et des géographies. D’où l’intérêt de bien choisir en fonction de ses flux actuels et futur. Et ne pas hésiter à se faire accompagner sur ce point.
Faire preuve de pédagogie pour convaincre les transporteurs …
Comment convaincre les transporteurs ? Rien de pire pour un prestataire que de recevoir un mail de son client exigeant de se connecter à telle plate-forme, pointe Frédéric Lanchais. Il vaut mieux opter pour la pédagogie. Expliquer les raisons de ce choix, motiver son transporteur et répondre à ses questions est plus efficace. Un binôme donneur d’ordre – éditeur étant un bon moyen de répondre aux questions techniques et aux éventuels blocages psychologiques des transporteurs ciblés, estiment les intervenants.
… et d’autres méthodes incitatives
Jean-Christophe Huon, Directeur Logistique de Limagrain, propose une autre méthode pour inciter les transporteurs à opter pour le suivi de flux en temps réel. Il suggère de demander aux transporteurs de mettre à jour les statuts des ordres de transport pour déclencher la facturation. Ainsi, le suivi automatisé permet au transporteur d’être payé plus vite et réduit la lourdeur des saisies manuelles. Un autre moyen peut aussi être de profiter d’un appel d’offres transport pour faire figurer cette demande dans les prérequis et l’intégrer ensuite aux contrats.
Une revalorisation du métier d’affréteur
Pour Olivier Harduin, il y a une grosse valeur ajoutée pour les transporteurs à augmenter l’efficacité des opérations transport. Finis les plateaux bruyants de 30 personnes passant leur temps à répondre aux clients par téléphone sur l’avancement de leurs cargaisons. Le suivi en temps réel automatisé redonne de la disponibilité aux affréteurs pour traiter les vrais problèmes (accident de camion, conteneurs bloqués en douane…). « Cette montée en compétence du bureau d’affrétement revalorise la fonction en interne », ajoute le Senior Manager de Diagma.
Un dialogue plus constructif avec les transporteurs
Autre apport des solutions de visibilité temps réel des flux de transport : la possibilité de disposer de tableaux de bord. « Cela permet aux chargeurs d’animer leurs transporteurs en s’appuyant sur des données factuelles et de les aider à grandir », complète Olivier Harduin. Jean-Christophe Huon de Limagrain confirme qu’avoir des KPI (Key Performance Indicators) robustes permet d’évaluer les transporteurs sur des données fiables. D’où l’instauration d’un dialogue plus constructif (ex : tenant compte des causes de retard imputables au chargeur).
Bien gérer la transformation pour adopter le suivi en temps réel des transports
Selon Olivier Harduin, compte-tenu de la pénurie de chauffeurs, qui devrait encore s’accentuer, les transporteurs choisissent aussi les chargeurs avec qui travailler. Et dans ce contexte, l’efficacité et la qualité de la relation avec le chargeur renforcent son attractivité.
Pour lui, les projets de digitalisation du transport apportent d’importants gains de productivité. Ils sont source de performance (coûts , qualité, délais) par une meilleure maîtrise des flux. L’automatisation permet de plus de se concentrer sur les tâches à valeur ajoutée. Enfin, ces projets contribuent à réduire les émissions de CO2.
Mais ce sont de vrais projets de transformation auxquels il faut dédier des ressources et un budget. Et qu’il faut prévoir de faire évoluer.
Un projet ? Une réflexion ?
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