REUSSIR SON PROJET GOODS-TO-MAN

Dans le cadre de son Dossier annuel Spécial entrepôt publié dans le N°72 d’octobre 2024, Supply Chain Magazine s’est penché sur les différentes solutions de mécanisation et a interviewé Léandre Boulez, Associé de DIAGMA et Bruno Hérard, Directeur chez DIAGMA, sur les solutions de Goods-to-Man (GTM) ou Goods-to-Person (GTP). L’occasion pour nos deux experts de partager leur vision de ces systèmes et quelques recommandations quant à leur choix et leur mise en œuvre.

Goods-to-Man, mais encore …

En quoi consiste une solution Goods-to-Man ? Pour Léandre Boulez, ces solutions impliquent un humain dans le processus, ainsi qu’un acte de prélèvement. « Il s’agit de déplacer des marchandises vers un poste de travail où un humain prend un produit d’un support de conditionnement A pour le mettre sur un support B », explique l’Associé de DIAGMA. « Par opposition au système qui consiste à visiter chaque emplacement à pied pour effectuer ces prélèvements, le GTM repose sur un point de rencontre et une dimension humaine », complète Bruno Hérard, Directeur chez DIAGMA.

Comment déplace-t-on la marchandises avant le prélèvement sur le poste de travail ? Pour Léandre Boulez, on peut faire appel à deux technologies :

– la mécanisation guidée, qui repose sur des rails (convoyeurs, shuttles, miniloads …)

la mécanisation autonome, qui s’appuie sur des robots (AGV – Automated Guided Vehicules-, AMR – Autonomous Mobile Robots – )

Comment choisir entre ces deux mécanisations 

Pour Bruno Hérard, la mécanisation guidée est celle qui va le plus vite. Elle est retenue pour sa performance et sa puissance. Mais pour la mécanisation guidée, la capacité de la solution à traiter des flux et à traiter des stocks sont dépendantes. « Quand vous dimensionnez une de leurs deux grandeurs caractéristiques, leur capacité en flux et leur capacité en stock, vous dimensionnez l’autre en même temps, explique l’expert. Pour disposer d’une capacité de stockage suffisante, une entreprise peut ainsi être amenée à ajouter une allée supplémentaire à sa solution, sans en avoir forcément besoin au niveau du flux. ». Les solutions sont donc plus structurantes, mais obtiennent un meilleur débit.

La robotique quant à elle est plus souple. Elle permet en effet de faire évoluer la solution plus facilement à court / moyen terme. Les solutions de mécanisation autonomes s’adaptent mieux aux besoins en termes de capacité de stockage et de gestion de flux. Doit-on beaucoup stocker ou a-t-on beaucoup de flux pour peu de références ? Il existe une grande variété de solutions brevetées. Certaines utilisent des robots très rapides et très chers. D’autres ont recours à des robots moins couteux, ce qui permet d’en mettre plus en action, si nécessaire.

Produits standard pour le Goods-to-Man

Au-delà du caractère plus ou moins structurant de la solution, et du ratio flux sur stock, l’éligibilité des produits est aussi déterminante dans le choix de solutions Goods-to-Man. « L’éligibilité des produits est en outre relativement contrainte avec ce type de solutions, répondant pour nombre d’entre elles au standard de dimensionnement de bacs ou de cartons de dimensions 60 cm x 40 cm. Certaines solutions gèrent des emplacements plus grands et modulables, comme les étagères mobiles. Elles peuvent tirer leur épingle du jeu en permettant l’automatisation de références traitées ailleurs en hors gabarit », illustre Bruno Hérard.

Vitesse moyenne vs vitesse de pointe

La capacité du système à traiter rapidement des pics d’activité ou à avoir une cadence soutenue en permanence est un autre critère de choix d’une solution Goods-to-Man. « Vitesse moyenne et vitesse de pointe sont des éléments à prendre en compte dans le choix de toute solution GTM, ajoute Bruno Hérard. Toutes les entreprises ne traitant pas leurs commandes au même rythme et à la même intensité, certaines peuvent avoir besoin d’une solution qui fonctionnera au même rythme toute la journée. Quand d’autres  devront pouvoir très rapidement monter en puissance, comme souvent en e-commerce, dans la mesure où nombre de commandes sont traitées en fin de journée ».

Goods-to-Man, un exercice de projection

Se lancer ou pas ? Pour Léandre Boulez, mécaniser revient à transformer des dépenses de main d’œuvre en investissement. Il faut donc bien estimer le futur (évolution du marché, de l’inflation …) pour décider si mécaniser vaut le coût ou non. « Quand on installe des systèmes de mécanisation dits guidés, comme le sont les miniloads et les systèmes à navettes, il faut les avoir calibrés dès le départ pour qu’ils puissent couvrir les besoins sur au moins les cinq prochaines années », préconise Léandre Boulez.

Autre recommandation : avoir une vision holistique de sa logistique intégrant l’entrepôt mécanisé. « Il faut par ailleurs, pour toutes ces solutions, étudier leur impact sur l’ensemble de son site, de ses processus et de ses effectifs, poursuit Léandre Boulez. Une solution peut booster votre productivité. Mais si dans le même temps, vous avez oublié de quantifier vos besoins de réapprovisionnement, ce que vous avez gagné d’un côté, vous risquez de le perdre de l’autre. Il faut donc garder une vision d’ensemble de son entrepôt et de sa logistique ».

Se donner le temps et les moyens de la transformation 

Enfin, lorsqu’on veut mettre en place un système de Goods-to-Man, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Pour nos deux experts, un projet de mécanisation guidée prend raisonnablement entre 18 et 24 mois avant de démarrer. Un projet de mécanisation robotisée, en revanche, peut mettre en œuvre une première tranche sous 6 à 8 mois, le projet prenant 10 à 12 mois. « Il faut se donner le temps d’opérer des réglages et de bien former les opérateurs, rappelle Bruno Hérard. Il vaut donc mieux éviter d’adopter une solution de ce type en se contraignant à démarrer à une date donnée, par exemple parce que l’on doit changer d’entrepôt ou absorber un nouveau flux. Ces rendez-vous ont de fortes chances d’être ratés, pouvant créer un accident ‘industriel’. Il faut se lancer dans ce genre de projets sans leur mettre trop de contraintes de délai au départ ».

D’expérience, le montant des investissements dans des solutions mécanisées peut aller de 1M€ à 80 M€. Il est donc essentiel de bien prendre en compte tous ces éléments pour ne pas se tromper. Et dans ce contexte, se faire aider par un cabinet expert comme DIAGMA, qui réalise de 15 à 20 projets de ce type chaque année, prend tout son sens …

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Léandre Boulez, Associé DIAGMA, cabinet expert en Supply Chain

 

 

 

 

 

Léandre Boulez
Associé de DIAGMA

Bruno Hérard, Directeur chez DIAGMA, cabinet de conseil expert en Supply Chain

 

 

 

 

 

Bruno Hérard
Directeur chez DIAGMA

Supply Chain Magazine Numéro 72 Octobre 2024 avec le Dossier Special Entrepôt Goods-to-Man / Goods-to-Person

 

 

 

 

 

 

 

Supply Chain Magazine N°72 – 11/10/2024