Les nouveaux risques posés par les entrepôts automatisés

L’entrepôt tout automatisé de l’enseigne de supermarché en ligne Ocado, près de Londres, a occasionné récemment un gigantesque incendie en dépit d’un système de sprinklage primé et donné du fil à retordre aux pompiers locaux. Un nouveau cas d’école qui donne à réfléchir …

Dans la nuit du 5 février 2019 se déclarait un énorme incendie dans l’entrepôt totalement automatisé de l’enseigne Ocado, supermarché en ligne britannique. Plus de 200 pompiers aidés d’une vingtaine de camions ont été nécessaires pour venir à bout de ce gigantesque brasier, qu’une pluie opportune a fini par éteindre totalement deux jours plus tard. Quatre pompiers ont dû être soignés pour avoir inhalé des fumées mais heureusement, aucune perte humaine, ni chez les pompiers, ni chez les salariés d’Ocado, ni chez les riverains, n’est à déplorer.

Un cube de stockage muni de 1.100 robots

Localisé à Andover dans l’Hampshire, à l’ouest de Londres, cet entrepôt était doté d’un système de préparation tout automatisé basé sur un cube de stockage baptisé « grid », muni de 1.100 robots navigant sur le dessus pour aller y prélever automatiquement les produits frais (voir video ci-dessous). Cet entrepôt, qui en complétait deux autres plus traditionnels, était le fleuron de la vision de Tim Steiner, son Directeur Général, qui voulait préparer des commandes sans intervention humaine (les produits étant emballés par des robots monobras et les livraisons s’effectuant par véhicules sans conducteur). Au moment de l’incendie, cet entrepôt robotisé, traitait 10% du CA du distributeur et n’avait pas encore atteint son objectif de préparer 60.000 à 65.000 commandes par semaine. De son côté, Tim Steiner venait juste d’annoncer le lancement d’Ocado Zoom, un nouveau service de livraisons sous une heure destiné à concurrencer Amazon, que devait justement supporter cet entrepôt tout automatisé.

Une situation inédite pour les pompiers

La disparition complète de cet entrepôt, qui préparait environ 4.000 commandes par jour, a contraint le distributeur à annuler des milliers de commandes clients à cause de cet incendie. Ocado s’était pourtant doté d’un système de sprinklage des plus efficaces (il avait d’ailleurs reçu un prix pour ce choix), lequel s’est bien déclenché, mais n’a vraisemblablement pas suffit. Et l’e-commerçant a été très surpris de la rapidité avec laquelle le feu s’est répandu. De même, à cette occasion inédite, le syndicat de pompiers du Hampshire s’est mobilisé pour faire revoir les plans de sécurité incendie établis qui ne prennent pas en compte les nouveaux risques de telles installations très denses et high tech.

De sérieuses réflexions à enclencher

Pour l’heure, la cause de l’incendie, qui a fait l’objet d’une enquête, n’a pas été communiquée. « On a sans doute sous-estimé à ce jour le risque de telles installations. Les entreprises ont cherché à densifier toujours plus le stockage dans les entrepôts et les solutions (racks, sprinklage …) qui ont été trouvées, ont fait leurs preuves. En revanche, en ce qui concerne ces nouvelles installations hyper automatisées, nous manquons de recul. En tant que cabinet de conseil, nous avons une vraie réflexion à introduire dans les cahiers des charges de nos futurs appels d’offre avec les fournisseurs, notamment au niveau de la concentration des bacs plastiques et des batteries lithium des robots, pour éviter que de tel drames ne se renouvellent », estime François Rochet, Associé de DIAGMA.