Florence Netter, Responsable du pôle DIAGMA RH était l’invitée de Gilles Barbier sur le plateau de l’émission Jobs Village. Après avoir souligné la spécificité des recrutements pratiqués chez DIAGMA qui allient la double compétence de l’expertise métier de la SC via un Associé et celle du recrutement via sa propre expertise, elle a exposé ce qui caractérise la fonction de S&OP Manager : profil, compétences requises, rattachement, salaire, parcours… Une fonction de chef d’orchestre qui monte en puissance dans les grands groupes, mais aussi les ETI et PME de tous les secteurs.
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Gilles Barbier : Le Cabinet Diagma n’est plus à présenter, cependant pouvez-vous en quelques mots nous dresser un rapide portrait de Diagma en cette fin 2020 et notamment de son activité recrutement.
Florence Netter : Notre cabinet est reconnu depuis près de 50 ans pour ses missions de conseil diagnostic à la fois stratégique et opérationnel, en ayant fait le choix de se spécialiser en Supply Chain. En effet, les entreprises valorisent de plus en plus la fonction SC dans leur organisation, et donc les profils associés
Dans ce cadre, nous avons développé un pôle Recrutement depuis 2007. Ce qui nous distingue : une intervention à deux niveaux d’expertise qui garantit à l’entreprise une double validation du candidat avant qu’il ne soit présenté en short-list :
- un Associé de DIAGMA pour la connaissance fine des métiers
- et moi en tant que spécialiste du recrutement.
GB : A travers votre expérience, comment définiriez-vous la fonction de S&OP Manager ?
FN : Il n’y a pas de profil type. C’est un profil riche et complexe. Tout dépend du niveau de maturité du process S&OP. Le S&OP Manager doit être un « chef » par son leadership, capable d’aligner la direction de l’entreprise et les opérationnels sur des décisions à prendre, des arbitrages à poser au service de la stratégie.
GB : Quelle est sa formation et/ou son expérience ?
FN : Ingénieur ou universitaire avec une forte composante d’analyse des chiffres. Il vient souvent de la fonction planification ou prévision.
GB : Quelles sont les compétences particulières qu’il/elle a développées et qu’il/elle doit savoir mettre en avant : technique, management, communication, stratégie ?
FN : La première compétence est un trait de personnalité : la communication. Il ou elle doit être un très bon communicant, parfaitement à l’aise avec les chiffres pour présenter les différentes hypothèses afin d’éclairer le CODIR. Idéalement, il doit aussi maîtriser des outils de planification avancée et, par ce biais, se forger des convictions pour que des décisions soient prises.
- Soit il/elle est dans un process d’informations, et il/elle a un rôle de facilitateur qui fait travailler ensemble les Directions commerciales, marketing, finance, logistique et industrielle
- Soit il/elle est dans un process décisionnel et dans ce cas, il est fondamental que le/la Manager S&OP se forge des convictions pour argumenter en interne.
De toute façon, il/elle doit être un chef d’orchestre, qui allie à la fois des compétences techniques SC et beaucoup de soft skills (ex : écoute, aptitudes à la négociation, capacité à convaincre, ténacité, pédagogie, capacité à se projeteret à envisager divers scénarios avec leurs impacts …)
GB : Quelles sont les types d’entreprises qui recrutent des S&OP Managers : groupes industriels, distributeurs, grands groupes internationaux, PME ?
FN : Dès qu’il y a une problématique d’équilibre entre la demande et la capacité à la servir, on a besoin potentiellement d’un S&OP Manager. Cela peut donc concerner tous les secteurs d’activités. Auparavant, c’étaient plutôt les grands groupes qui montaient une Direction SC avec une fonction S&OP. Aujourd’hui, nous rencontrons de plus en plus d’ETI ou de PME qui ouvrent ce poste, à la fois chez des industriels et des distributeurs.
GB : Selon les entreprises, est-ce une fonction nouvellement créée ou la définition précise d’une fonction qui s’exerçait déjà sous une autre appellation ?
FN : Historiquement, on avait des organisations cloisonnées : la logistique, l’administration des ventes, les appro… Elles se sont regroupées sous la Direction Supply Chain pour travailler de manière plus concertée et transverse. Et la fonction Supply Chain était chargée de dialoguer avec les autres fonctions : Commerciale, Marketing, Production, Finance … pour prendre des décisions collégiales qui tiennent compte de la majorité des variables impactantes.
Jusqu’à il y a peu, c’est le Directeur Supply Chain qui portait la fonction car bien positionné pour jouer le rôle de S&OP Manager mais comme il n’a pas le temps de tout faire, il délègue cette fonction de plus en plus fréquemment à une personne dédiée au S&OP.
GB : Quel est son niveau de rattachement, selon ces différents types d’entreprises ?
FN : Il est rattaché au Directeur Supply Chain, ou au Directeur des Opérations, et plus rarement, directement au DG, ce qui lui donne de la crédibilité et de la légitimité par rapport aux arbitrages vis-à-vis des autres fonctions (industrie, commerce, marketing, finance… Il est probable que cette fonction grimpe progressivement dans la hiérarchie.
GB : Comment se positionne le S&OP Manager par rapport au Directeur Supply Chain ?
FN : Il peut être son homologue ou son N-1.
GB : Face à la crise sanitaire qui oblige les entreprises à limiter leur horizon de prévisions et à vivre au jour le jour, le S&OP Manager a-t-il toujours sa place ?
FN : Au contraire, en période de crise il a toute sa place ! Il faut en effet prendre plus fréquemment des décisions en cas de crise et piloter à vue en fonction des divers scénarios envisagés. Un responsable qui soit à même de faire preuve d’agilité en proposant divers scénarios au CODIR et de le guider dans son choix de la meilleure option pour l’entreprise est tout à fait pertinent.
GB : Quel est le niveau de salaire d’un S&OP Manager et quelle est son évolution possible ?
FN : Quand il est rattaché directement au DG, son salaire est généralement égal ou supérieur à 100K€. S’il est rattaché au Directeur des Opérations, son salaire fixe est de l’ordre de 60 à 80 K€ annuel brut.
GB : Auriez-vous un ou deux exemples à nous citer, afin d’illustrer l’étendue et la variété des recrutements de S&OP Managers que Diagma peut être amené à conduire ?
FN : La variété dépend de la problématique du client. Dans le secteur pharmaceutique, qui est en forte demande, je pense à un recrutement que nous menons actuellement : une création de poste, rattaché au Directeur des Opérations dont l’attente principale est de casser les silos et d’avoir à ses côtés un bon communicant. Dans un autre contexte, le secteur des cosmétiques par exemple, c’est plutôt la volonté de s’organiser par divisions (BU) et d’avoir quelqu’un dont le rôle est d’animer les décisions à prendre au niveau de chaque Supply Chain de BU (parfums, maquillages …) qui a conduit à lancer des recrutements de S&OP Managers.
GB : Quel conseil pourriez-vous donner à un candidat intéressé par ce métier ?
FN : Tout d’abord, viser un poste de type Demand Planner pour commencer à entrer dans la mécanique de la projection dans le futur et à être confronté aux commerciaux. Puis prendre un rôle plus transverse pour comprendre les contraintes de la supply, donc un poste de Supply Planner. Après environ deux ans à chacun de ses deux postes, en étant vraiment en capacité à présenter les chiffres, le collaborateur aura acquis la légitimité et la crédibilité pour prétendre au poste de manager S&OP. L’anglais est indispensable pour intégrer un groupe international.
POUR EN SAVOIR PLUS :
FLORENCE NETTER A LA TETE DE DIAGMA RH
S&OP : GAGNER ENSEMBLE, MÊME DANS LES ORGANISATIONS COMPLEXES !